CA du 20 septembre 2024 : PREFace à l'austérité

Plan de rétablissement de l'équilibre financier (PREF) et budget rectificatif

Suite à deux bilans financiers consécutifs dans le rouge, notre université (comme une majorité d'autres) se voit dans l'obligation d'établir un PREF, plan de rétablissement de l'équilibre financier. Celui-ci impactera le budget rectificatif qui nous sera présenté le même jour, ainsi que l'orientation budgétaire de l'établissement pour les 3 années à venir. Avant de présenter le PREF, la présidence a tenu à souligner que Paris 8 est dotée par l'état d'une enveloppe de fonctionnement bien inférieure à celle des autres universités SHS de taille équivalente, et que cet écart est d'autant plus important en prenant en compte la part de sciences et technologies (STS) dans notre établissement (les universités de STS étant mieux dotées que celles de SHS).

Le PREF repose sur une double stratégie de baisse des dépenses et d'augmentation des recettes.

Pour les baisses de dépenses on table d'un côté sur de l'hypothétique, comme une réduction difficilement prévisible et encore moins certaine de la facture énergétique, et d'un autre côté sur ce sur quoi on aura effectivement la main, à savoir les campagnes d'emplois enseignant·es-chercheur·es, comme d'habitude. Il est donc prévu des économies substantielles sur les campagnes d'emploi 2025 et 2027, avec l'idée d'épargner autant que possible 2026 qui sera l'année de la mise en place du LMD5.

Concernant les augmentations de recettes, il est question d'une augmentation de la SCSP (subvention pour charge de service public, c'est-à-dire la dotation étatique) ainsi que d'un développement des diplômes d'utniversité (DU) et de l'alternance notamment dans le cadre du projet (ex-UPL) Accélérations qui permet à l'université de recruter 6 personnes pour s'occuper de développer l'alternance. Vos élu·es Résistons font remarquer qu'au lendemain de la nomination du très réactionnaire et anti-science Patrick Hetzel comme ministre de l'ESR, la prévision d'augmentation, même très prudente, de la SCSP dans le PREF demeurre extrêmement hypothétique. Par ailleurs, l'ouverture de DU ne garantit en rien que des étudiant·es s'y inscrivent, et le développement de l'alternance suppose l'adhésion des formations où celle-ci est possible. Enfin, nous rappelons que l'alternance a artificiellement gonflé ces dernières années car le dispositif repose sur la mise sous perfusion d'argent public en direction des entreprises à des niveaux ne permettant pas que ça dure encore longtemps… Il n'aura d'ailleurs fallu attendre que quelques heures après la tenue de ce CA pour que cette prédiction de vos élu·es Résistons se concrétise (Franceinfo, 20/09/2024 19h18 : Apprentissage : le gouvernement prévoit de réduire les aides à l'embauche, des entreprises "vont devoir remplacer les apprentis par des stagiaires").

Prenant en compte certaines mesures du PREF et quelques jeux d'écriture comptable concernant la durée d'amortissement de certains investissements matériels, un budget rectificatif (BR) pour 2024 nous est présenté où il est prévu que la trésorerie de l'université passe de 38M€ à 23M€ sur l'année 2024 (contre 11M€ dans le budget initial 2024).

Bref, bien que le travail réalisé sur le PREF ait été salué par le rectorat, vos élu·es Résistons s'inquiètent de l'austérité budgétaire à venir dont on devine les effets néfastes sur nos conditions de travail mais dont on ne perçoit sûrement pas encore l'ampleur.

Évidemment, nous avons voté contre le PREF et le BR, qui ont été adoptés par le CA avec 19 voix pour et 8 contre.

Vite dit, bien dit

Des changements dans l'équipe de direction : Ilaria Pirone est passée PR et n'est donc plus membre de la CFVU où elle était élue dans le collège MCF, c'est donc Annick Allaigre qui prend la présidence de la CFVU jusqu'à la fin de son mandat, mais Illaria Pirone se voit octroyer un rôle de vice-présidence fonctionnelle en charge de la formation et sera à ce titre invitée permanente de la CFVU pour pouvoir assurer une continuité dans le suivi de la mise en place du LMD5 et de l'évaluation des formations par l'HCERES ; Ferroudja Allouache prend la direction du NCU SoSkilled, désormais hébergé à Paris 8 suite à la dissolution de la COMUE UPL ; Giulia Filacanapa reprend la mission de lien secondaire-supérieure (cordées de la réussite, etc.) ; Patricia Milano devient chargée de mission pour le développement de l'alternance dans le cadre du projet Accélérations ; Nathalie Lemarchand devient chargée de mission sur la question des libertés académiques ; Ces nouvelles charges de missions sont compensées par la disparition des charges de missions sur le montage de la fondation, sur le patrimoine, et sur le numérique.

Travaux : le bâtiment H pousse bien, il y aurait seulement deux mois et demi de retard sur le planning mais rien de grave ; 3M€ ont été attribué pour la construction de la maison des associations qui sera située entre les bâtiments C et D.

Formation des personnel·les : le plan de formation est renommé “plan de développement des compétences” ; il est discuté sur suggestion de vos élu·es Résistons l'idée de conditionner les postes de direction de service / composante / labo et soutenance d'HDR au suivi de formation sur les VSS (violences sexistes et sexuelles) et les RPS (risque psycho-sociaux) ; Résistons rappelle comme à chaque fois que des formations aux outils numériques libres devraient être systématisées en regard (voire à la place) des formations aux outils propriétaires.

Participation employeur à la restauration lors de la fermeture du CROUS : point ajouté à l'ordre du jour à la demande de Résistons ; cette subvention semble avoir disparu après les confinements de 2019 ; elle est remise à l'ordre du jour et réévaluée pour passer de 3.5€ à 4€ par repas. Il est fait remarquer que la question se pose encore différemment du côté des IUT que le CROUS délaisse complètement.

Évolution du programme des enseignant·es invité·es : une proposition de simplification des procédures et de transformation des salaires en bourses pour assouplir les contraintes de durée des séjours et optimiser le coût du programme a été adoptée à 11 voix pour versus 7 voix contre. Vos élu·es Résistons ont voté contre en expliquant que ce programme est financé par deux supports de poste de PR qui, s'ils étaient pourvus, payeraient des cotisations sociales. Transformer les rémunérations des enseignant·es invité·es de salaires en bourses correspond à se tirer une balle dans notre pied collectif. Le justifier en prétextant que les invité·es ne profiteront de toutes façons pas de ces cotisations après leur court séjour en France revient à penser la cotisation sociale comme une capitalisation personnelle plutôt comme un outil collectif de répartition de la valeur produite, et nous refusons de mettre un doigt dans cet engrenage libéral individualiste.

Vos élus CA,
Résistons !


Résistons est une liste d'opposition intersyndicale composée de membres de la CGT, de la FSU, et de Solidaires, ainsi que de non-syndiqué·es. Nous sommes de fait la seule voix d'opposition dans les conseils centraux. Nous sommes également les seul·es à vous avoir fait des comptes-rendus systématiques, et, disons le franchement, les seul·es face à l'équipe de direction à avoir travaillé sérieusement les différents dossiers dont il a été question dans nos conseils centraux ces quatre dernières années, sans jamais renoncer à mettre et remettre sur le tapis les points les plus importants de notre plateforme : la défense de nos conditions de travail et d'études, la lutte contre la précarité et les discriminations, la transparence, etc.