Une fin d’année morose

Budget initial 2022 : pas d’embellie en perspective

Huit mois après le compte financier 2020, un mois et demi après le budget rectificatif 2021, le premier budget initial de la mandature – celui de l’année 2022 – est présenté aux membres du CA. Le Vice-président au Budget manie le balancement circonspect : « une situation financière améliorée depuis trois ans, mais une vigilance nécessaire ». Ce budget a été préparé entre mai et juin 2021 dans le cadre de 45 dialogues de gestion conduits au sein des composantes et des services. Les dépenses prévisibles sont de 170,5 M€ en autorisations d’engagement et 171,9 M€ en crédits de paiement tandis que les recettes attendues ne sont que de 156,5 M€, soit un solde budgétaire déficitaire de 15,5 M€. Par rapport à 2021, la capacité d’autofinancement, le niveau du fonds de roulement et le niveau de la trésorerie en sont donc affaiblis.

Au sein de ce budget, la subvention de l’Etat représente 80% des recettes, tandis que la masse salariale représente 75% de l’ensemble des dépenses. Côté investissement, on note un budget en nette hausse par rapport à 2021 : restructuration du bâtiment A, opérations de rénovation et de performance énergétique dans plusieurs bâtiments et sites, modernisation des infrastructures des réseaux informatiques…

Ce budget est grevé par une augmentation du nombre d’étudiant·es sans création de supports d’emplois (ce qui nécessite davantage d’heures complémentaires), mais aussi par le passage à moyens constants du DUT en deux ans au BUT en trois ans ou encore par la mise en place de la LPR sans certitude que les besoins nouveaux qu’elle génère seront couverts par l’enveloppe ministérielle.

Le budget est, sans conteste, un véritable casse-tête pour les non-initiés. Vos élu·es ne seront sans doute vraiment opérationnel·les qu’en fin de mandature ! En attendant, muni·es du compte financier 2020, du budget rectificatif 2021, ils et elles ont réalisé quelques tests de cohérence et ont repéré des petits bugs sans conséquence. Grâce aux informations transmises par leurs syndicats, a été débusquée néanmoins au moins une incohérence concernant deux emplois au sein du plafond d’emplois fixé par l’Etat : le nombre qui apparaît sur les documents budgétaires de Paris 8 comprend pour les années 2019 à 2021 entre quatre et deux emplois de moins par rapport à celui qui apparaît sur les documents transmis au CNESER. A priori, ce seraient les chiffres transmis au CNESER qui seraient légèrement surévalués. Cela mérite une enquête plus approfondie.

Rappelons que lors d'un CA précédent, les élus Résistons ! et, pour les Biatoss, CGT, ont obtenu le vote, à l'unanimité, d'une motion demandant au Ministère de créer des postes supplémentaires tant d'enseignant·es-chercheur·es que de Biatoss pour combler la hausse du nombre des étudiant·es inscrit·es et le sous-encadrement chronique de notre université. Ces postes, qui ont été demandés par les composantes et les services au moment de la campagne d'emploi, n'ont pas été retenus parce que la direction de Paris 8 a fait entériner le principe d'une campagne d'emplois à postes constants.

Lors du CA du 10 décembre, les élu·es Résistons ! et pour les Biatoss CGT et dionysoise, ont donc voté contre un budget placé sous le signe de l’austérité alors même que les étudiant·es sont plus nombreux et nombreuses et que les activités de chacun·e, enseignant·es comme Biatoss, sont sans cesse alourdies.

TrouverMonMaster.gouv : une nouvelle machine à décourager les candidat·es

Le CA avait à se prononcer, à la suite de la CFVU, sur les capacités d’accueil et les critères d’admission en Master 1, dans le contexte d’une évolution du portail « TrouverMonMaster » vers une plateforme unique de gestion des candidatures en M1 sur le modèle délétère de ParcourSup. A l’instar de ce dernier, le Ministère procède sans concertation et à marche forcée pour les établissements comme pour les étudiant·es. La clôture des remontées, du côté des universités, devant avoir lieu le 17 décembre tandis que les étudiant·es devront candidater entre le 1er et le 27 mars, en plein milieu du second semestre. Demeurent aujourd’hui beaucoup d’incertitudes : une phase complémentaire devrait néanmoins avoir lieu.

La plateforme se substitue à Admission P8 ; les candidat·es pourront réaliser 10 vœux non classés sur 10 mentions de parcours différentes. Les commissions pédagogiques n’ont, à ce stade, aucune obligation de classer tous les candidat·es.

Dans le prolongement du débat interne à la CFVU, la présidence et la scolarité valorisent le fait que les étudiant·es auront une visibilité globale de l’offre de master et que les masters de Paris 8 seront présentés de manière attrayante. On nous assure également que Paris 8 fera valoir toutes les demandes des formations pouvant favoriser les candidatures des étudiant·es, comme l’allongement de la période de candidature afin que les étudiant·es disposent de temps pour construire leurs projets. La présidente veut voir le verre à moitié plein et considère que TrouverMonMaster peut contribuer à une fluidification des candidatures. Elle déplore également la part de responsabilité de certains masters qui refusent leurs propres licenciés alors que leurs capacités d’accueil ne sont pas atteintes, adressant aux étudiant·es le message problématique qu’on les a licencié·es, mais que le master n’est pas pour eux.

Les élu·es Résistons ! ont d’abord relayé les protestations de la commission pédagogique de l’UFR Arts qui freine la remontée des capacités d’accueil et des critères de ses mentions de master, en raison notamment de l’absence de concertation, du contournement des instances (les capacités d’accueil doivent être votées en Conseil d’UFR), d’un calendrier totalement aberrant et à marche forcée contraignant les étudiant·es à rédiger des projets de master avant même d’avoir été formées pour ce faire, etc... Côté Biatoss, l’interrogation des élues de la CGT et de la Dionysoise porte sur une succession de points techniques, auxquels la scolarité ne peut pas répondre, faute d’informations. Vos élus font également valoir que pour un nombre non négligeable de formations, les étudiant·es ne découvrent que tardivement, à l’issue de l’obtention de leur licence, qu’ils ont envie de poursuivre en master, ce qui va conduire à des formes d’auto-élimination des étudiant·es les moins sûrs d’eux-mêmes, les moins bien informé·es qui sont aussi les moins favorisé·es socialement. Les représentants des étudiant·es dénoncent pour leur part la logique de sélection à l’entrée en master.

Afin de marquer symboliquement le coup, les élu·es Résistons ! s’apprêtaient à défendre une motion sur le modèle de celle du CAC de l’université Paul-Valéry Montpellier 3 lorsqu’un élu de la majorité (merci à lui !) intervient pour suggérer sa mise au vote, facilitant ainsi un large accord. C’est donc à l’unanimité que la motion ci-dessous est adoptée, désavouant implicitement le peu de courage de la CFVU qui ne l’a pas votée.

Le conseil d’administration de Paris 8 demande au Ministère de lever toutes les ambiguïtés autour du projet « TrouverMonMaster », de prendre le temps d’une concertation avec la communauté universitaire afin de créer une plateforme aussi harmonisée et juste que possible, et donner aux universités les moyens humains et financiers d’accueillir au mieux tou.te.s les étudiant·es.

Droits d’inscription 2022-2023 des étudiant·es extra-communautaires : menaces à termes sur l’exonération partielle

Comme nous l’avons déjà indiqué, l’exonération partielle des droits d’inscription des étudiant·es extra-communautaires relevés de manière dissuasive par le très cynique programme « Bienvenue en France » est possible mais limitée par le Ministère à un plafond de 10%, lequel plafond inclut également les exonérations sur critères sociaux des étudiants français et communautaires. Le calcul de ce plafond de 10% n’est, en outre, pas réalisé sur le nombre total des inscrits mais sur celui des seuls étudiants non boursiers, ce qui réduit d’autant les possibilités de Paris 8 dont le taux d’étudiants bénéficiant d’une bourse est particulièrement élevé. Or, ce seuil de 10% est en train d'être atteint et menace même d’être mécaniquement dépassé avec la progression dans les études des étudiant·es déjà exonéré·es. « Nous allons au plus loin de ce que nous pouvons faire » déclare la présidente. 

Cette dernière annonce qu’un texte est en train d’être rédigé en collaboration avec d’autres président·es d'université, mais que la démarche n’est pas facile. D’une part, le Ministère propose un dialogue au cas par cas avec les universités atteignant le seuil des 10% ; d’autre part, certains rectorats ont fait pression, en région, sur des universités ayant déjà dépassé ce seuil, les contraignant à passer aux droits différenciés. Pris entre ces deux feux, plusieurs président·es engagé·es dans la démarche du courrier collectif ont rétropédalé et c’est désormais à quelques-uns qu’ils tentent de le finaliser. Nous posons la question du nombre d’universités passées aux droits d’inscription différenciés et, en leur sein, de la répartition de la part respective de celles qui les ont mis en place volontairement et de celles qui y sont passés de manière contrainte. Il nous est répondu que ces données demeurent aujourd’hui opaques. Nous demandons alors quelles sont les issues recherchées. Parmi les pistes, le remboursement des frais d’inscription, plutôt qu’une exonération, peut être envisagé sur le fond social étudiant, mais contraindra alors les étudiant·es concerné·es à réaliser l’avance de ces frais. Un appel est fait à toute proposition imaginative pour prolonger et sécuriser cette exonération partielle des droits d’inscription pour les étudiant·es extra-communautaires. Pour 2022-2023, celle-ci est votée à l'unanimité, mais jusqu’à quand pourra-t-elle être maintenue ?

Vite fait, bien fait : autour des articles du Monde

La séance du CA avait été ouverte par une déclaration de la présidente « n’appelant ni au débat, ni à la discussion » autour des deux articles du Monde (7 décembre 2021). Elle revendique la probité de son équipe qui «  travaille sans relâche » et précise que lors d’un prochain conseil le travail réalisé sur les violences sexistes et sexuelles, que l’équipe présidentielle prend très au sérieux, sera exposé et qu’il pourra alors donner lieu à échange et discussion. C’est, en effet, un sujet grave, trop longtemps négligé par les présidences successives, inscrit dans la plateforme des listes Résistons ! et sur lequel nous demeurerons vigilants et porterons le combat conformément à nos engagements auprès de vous. Les discours et les déclarations d'intention ne doivent pas masquer l'absence de prises de décision et de mesures. Il en est de même concernant la violence sourde induite par des conditions de travail de plus en plus délétères et susceptibles de porter atteinte à la santé des personnels de Paris 8. 

Questions diverses : vos élu·es relaient vos préoccupations

Grève de la bibliothèque : la présidence rappelle que cette grève, qui concerne trois agents contractuels, est paradoxalement due à un processus de titularisation sur concours, afin de réduire la précarité. Le motif de la grève repose sur la crainte que les personnes occupant des postes de contractuel·les ne réussissent pas le concours et perdent leur poste. La présidence assure que des propositions d’accompagnement des collègues concerné·es ont été faites pour préparer les concours et qu’il lui est strictement impossible d’envoyer comme message le fait qu’un poste mis au concours serait réservé à son occupant•e actuel·le. La question demeure de savoir si, quand et comment les collègues en poste ont été prévenus de cette transformation. Le personnel n’est pas taillable et corvéable à merci. A la question posée de comment sortir de l’enlisement, la présidence répond que quel que soit le choix des actuel·les occupant·es des postes mis au concours – passer les concours ou postuler sur d’autres postes de contractuel·les – elle ne peut que s’engager sur un accompagnement bienveillant.

Collectif de précaires et contrats étudiants : une réunion a déjà été organisée. La difficulté vient du fait que le contrat étudiant repose sur une ambiguïté fondamentale : c’est un contrat de travail nécessitant le statut étudiant pour l’occuper et dont la rémunération est payée en... vacations. Des propositions ont été faites pour améliorer ces contrats étudiants et une nouvelle réunion va avoir lieu le 14 décembre, avec un accompagnement syndical. A suivre…

Covid19@univ-paris8.fr : nous relayons les remontées d’étudiant·es qui ont signalé à l’adresse mail dédiée être atteint·es du Covid 19 et dont eux-mêmes et/ou leurs condisciples signalés cas contact n’ont pas eu de retour au bout d’une semaine. Plusieurs d’entre elles et eux sont inquiets pour leurs proches vulnérables. Ils et elles souhaiteraient l’accès à des tests de dépistage au sein du campus. Vos élu·es ont également demandé qu’une meilleure information sur le statut de cas contact soit réalisée.

Référentiel encore et encore : nous demandons à qui les collègues doivent s’adresser, d’une part, lorsqu’ils ne savent pas de quelles rubriques du référentiel relèvent certaines fonctions et, d’autre part, lorsqu’ils souhaitent faire valoir une fonction non prise en compte dans le référentiel. Pour ces deux éléments, un seul et même contact au sein de la cellule pilotage de la DIPEFAS : Eric Perro. Concernant les fonctions non ou mal prises en compte, elles feront l'objet d'une discussion et d'un vote pour une éventuelle prise en compte l'année prochaine.

Vos élu·es Résistons ! et, pour les Biatoss, CGT vous souhaitent néanmoins de bonnes fêtes de fin d’année ☺.