Austérité (campagne d'emploi) et mépris du service public (CROUS)

Une campagne d’emploi sous le signe de l’austérité

Après le Conseil Académique (CAc), qui réalise l’essentiel du travail (examen, évaluation, classement et vote des demandes de renouvellement, de création, de transformation, etc…), puis le Comité Technique (CT), la campagne d'emploi Enseignant·es-chercheur·es (EC) et Biatoss est arrivée devant le CA. Du côté des EC, elle totalisait 125 demandes dont 24 créations de postes ; du côté des BIATOSS, 44 demandes ont fait l'objet d'un examen.

Bien que le nombre d’étudiant·es inscrit·es ait nettement augmenté cette année, cette campagne d’emploi est à moyens constants, sans possibilité de création de postes au-delà du contingent mis au mouvement. Concrètement, il faut déshabiller Pierre pour habiller Paul. Concernant les EC, c’est d’ailleurs ce qu’a été contraint de faire le CAc en redéployant un poste de MCF en psychanalyse pour satisfaire la demande, au demeurant légitime, d’une création d’un poste de PRAG d’anglais. Aucune autre demande de création n’a été satisfaite, les autres demandes de renouvellement et les rares demandes de transformation ont été approuvées par le CAc.

Vos élu·es Résistons ! ont plaidé pour une entorse au principe d'une campagne d'emploi à moyens constants en demandant une création nette de poste afin de préserver le poste de MCF de psychanalyse tout en répondant aux besoins du département d'anglais dont l’offre de cours actuelle ne suffit pas à satisfaire les demandes de cours d’anglais, présentes dans les maquettes des différentes formations. Il nous semblait qu'une création nette d’un seul poste ne mettait pas en péril les finances de l'université. L'équipe présidentielle est restée sourde à nos demandes et nous n'avons obtenu que la "garantie" faible que le département de psychanalyse soit accompagné au cours de la prochaine année. Il est clair que le passage aux Responsabilités et Compétences Élargies (RCE) inscrit dans la LRU nous piège dans une gestion de la misère. Pour cette raison, les élu·es Résistons ! au CA ont voté contre la campagne d’emploi Enseignant·es-Chercheur·es.

Du côté de la campagne BIATOSS, au-delà des 44 postes examinés, ce sont 37 demandes qui ont été jugées hors campagne par la direction des personnels et la présidence (CDD, postes déjà pourvus, supports établissement ne pouvant être mis au concours, redéfinition de projets de service, demandes non recevables), ce qui n’est pas peu ! La présidence a accédé à la demande du CAc et un groupe de travail sur les postes de Biatoss, en amont du CAc, a été acté.

Au CT, deux créations de poste refusées à l’UFR Arts ont été controversées. Les élu·es Résistons ! défendent l’idée que cet UFR comprend de nombreux départements nécessitant du personnel technique non interchangeable. Pour la présidence « il y a un problème de dispersion et de dissémination dans cet UFR » et la création d’emplois est jugée disproportionnée. La DRH parle d’accompagner cet UFR dans la recherche de redéploiements internes.

La Dionysoise se fait le relais de la grève de la bibliothèque qui concerne des emplois de contractuels (Résistons ! avait mis ce point à l’ordre du jour des questions diverses). La Présidence et la DRH vont rencontrer les grévistes.

Enfin, rappelons que l’administration pilote les campagnes d’emploi à partir d’une batterie d’indicateurs souvent controversés par les services et les départements. Si chaque composante a connaissance des indicateurs qui la concerne, ce n’est pas le cas de vos élu·es. En conséquence, Résistons ! demande que l’ensemble des indicateurs soient aussi transmis aux membres du CA. La présidence accède à notre demande.

Alerte : le CROUS de Créteil ne manque pas d’air !

Résistons ! avait inscrit à l’ordre du jour le suivi du problème de l’absence de restauration du CROUS dans les IUT de Tremblay et de Montreuil et, concernant ce dernier, de l’absence totale de restauration depuis la rentrée. Entre-temps, vos élu·es ont été alertés sur l’état d’insalubrité et sur l’absence de chauffage au sein de la cité universitaire Guynemer située en face de l’Université.

Les faits sont suffisamment alarmants pour que la présidente ouvre la séance en indiquant s’être entretenu avec le directeur du CROUS de Créteil. Elle se veut rassurante : le CROUS a reçu des consignes du CNOUS et à partir du 1er décembre les étudiants de Montreuil devraient déjeuner avant la mise en place d’un système pérenne début janvier. Concernant la résidence Guynemer, le directeur a confirmé les présence de cafards et a évoqué des problèmes de chaudière ayant nécessité une dizaine de jours d'interruption du chauffage.

Lors de l’examen des questions diverses, le CROUS revient sur le tapis, la présidente venant d’être alertée sur la sortie d’un communiqué de presse : https://www.crous-creteil.fr/wp-content/uploads/sites/5/2013/10/CP-IUT-de-Montreuil.pdf. Sa lecture laisse les présents pantois avant que la direction de l’IUT de Montreuil ne s’étrangle : « Rien n’est vrai dans ce communiqué : c'est Le CROUS qui est parti et qui nous a abandonnés, nous contraignant à trouver un prestataire privé en urgence ». Rappelons que l’IUT a recouru à un prestataire privé lorsque le CROUS s’est désengagé il y a quelques années au motif que la restauration à l’IUT n’était pas rentable financièrement. Par ailleurs, le communiqué est ouvertement mensonger lorsqu’il annonce « 20 à 50 repas » par jour, alors que c'est plus de 100 repas quotidiens qui sont à pourvoir. De plus, le CROUS propose une formule par automate qui a déjà été testée dans le passé et qui s’est révélée inadaptée. Enfin, le communiqué affirme que le CROUS est en négociation avec l'université alors que la direction de l'IUT ne parvient à le joindre ni par mail ni par téléphone et que la seule fois où elle a pu avoir un interlocuteur fin octobre, celui-ci a annoncé qu’il partait en vacances !

Les élu·es Résistons ! proposent la motion suivante, votée à l’unanimité :

Le Conseil d'administration de l'Université Paris 8, réuni ce 19 novembre 2021, estime inadmissible que le CROUS n'assure plus ses missions de service public auprès des étudiant·es. Depuis bien trop longtemps, il n'y a plus de restauration dans nos IUT de Montreuil et de Tremblay-en-France, qui ne sont malheureusement pas des cas isolés. De plus, il a récemment été porté à la connaissance du CA l'état d'insalubrité avancée de la cité universitaire de Guynemer (plus de chauffage, présence de rats et de cafards, …) située juste en face de notre université.

L'insalubrité des logements comme l'absence de restauration universitaire nous inquiète fortement quant à leur impact sur la santé des étudiant·es concerné·es. Plus largement, le CA de l'Université Paris 8 s'alarme de la précarité grandissante chez les étudiant·es.

Concernant les suites à donner, la présidente de l’Université propose une réunion tripartite tandis que les élu·es Résistons ! suggèrent un communiqué de presse rectificatif. L'idée semble faire consensus, en soignant la formulation pour pouvoir continuer à avancer.

Vite fait, bien fait !

Le dialogue social n’est pas facultatif ! L’indemnité exceptionnelle de fin d’année destinée aux personnels Biatoss fait débat au CA comme elle l’avait fait au CT. Les représentantes Biatoss CGT et Dionysoise dénoncent avec force le mépris en lequel la présidence et la direction de l’Université les tiennent depuis plusieurs mois. En effet, leurs syndicats ont demandé à être reçus depuis juillet, mais ne le seront qu’à l’issue du CA ; ils n’ont donc pas participé à la négociation indemnitaire, contrairement à d’autres syndicats. Est rappelé que le fait d’écarter un syndicat représentatif d’une négociation ayant trait aux rémunérations, comme l’a fait l’an dernier Frédérique Vidal, est une faute sanctionnable (TA du 9 mars 2021, confirmée par le Conseil d’Etat du 20 avril 2021). L’échange donne le sentiment que la présidence de l’Université ne maîtrise pas bien le volet « dialogue social » du droit du travail ou le considère comme facultatif.

Élitisme ? Le CA a dû se prononcer sur les critères d’attribution du CPP, de la PEDR, de la délégation CNRS, du CRCT et sur les critères d’avancement de grade pour 2021-2022. Le CAc a souhaité que, pour la délégation CNRS et le CRCT, la composante rende également un avis sur l'investissement pédagogique et administratif. L’idée est de prioriser des candidatures qui mènent de front recherche, pédagogie et tâches administratives sur les candidatures qui se concentrent sur la seule recherche. Un bémol apparait du côté de la liste RPPL qui sera seule à ne pas voter cette proposition au motif d’un risque de pénalisation des enseignants-chercheurs qui s'investissent exclusivement dans la recherche.

Des Centres de formation d’apprentis privés au sein de Paris 8. C’est à l’occasion du vote des modalités de répartition des recettes de l’apprentissage par l’alternance que certain·es de vos élu·es découvrent que Paris 8 a noué un partenariat avec un CFA (Centre de formation pour apprentis) privé (AFIA), voire en intègre d’autres en son sein. A suivre…

Questions diverses : vos élus relaient vos préoccupations

Souffrance au travail ? Alertés par la désorganisation et le mal être présents au sein de plusieurs services et composantes depuis la rentrée, Résistons ! a demandé à la DRH un état des lieux des arrêts de travail au cours du premier semestre (nombre, durée cumulée) dans les différents services et composantes. Sans attendre le Rapport Social Unique, qui contient ces informations et sera présenté en 2022 au CT puis au CA, il s’agit de disposer rapidement de quelques indicateurs afin de savoir si des investigations plus poussées doivent être réalisées sur une possible souffrance au travail.

Organisation des élections professionnelles de 2022 : informés par nos élus présents dans les instances nationales sur une possible organisation d’un vote électronique, on interroge la présidence sur ce point. De toute évidence, personne n’est au courant de rien et c’est Résistons ! qui informe l’assemblée de l’état des échanges.

Des JPO bien tardives : organiser les Journées portes ouvertes à quelques jours de la clôture de Parcoursup est un pari risqué. C'est noté pour l'année prochaine !

Suivi des mesures réalisées par les capteurs de CO2 : ce sera à l’ordre du jour d'un prochain conseil !

À l’université aussi, il y a des problèmes de chauffage ! La mise en route a été difficile mi-octobre et, début novembre, il y avait des problèmes récurrents dans le bâtiment A et dans l'amphi X ; dans le bâtiment B1 et certains espaces du bâtiment B2, des problèmes persistaient encore la semaine précédant le CA. Ça avance, doucement, mais ça avance…

La messagerie électronique n’est pas encore au top ! Les alertes proviennent de responsables de formation qui ne parviennent toujours pas à réaliser des envois en nombre depuis leur messagerie Paris 8. Dans le budget 2022 sera proposé un investissement assez conséquent en équipement réseaux pour la remise en état (il s'agirait de 2M€ dont 1.5M€ d'investissement pris sur le fonds de roulement).

Ou en est la plateforme nationale « trouvermonmaster.gouv.fr » ? Il s’agit de la nouvelle plateforme, sur le modèle de Parcoursup, mise en place dans la précipitation par le Ministère afin de ne pas laisser de candidat·es au master sur le carreau. Au moment du CA, l’information et le calendrier étaient déjà transmis aux composantes. Le calendrier prévisionnel nous laisserait du temps, nous a-t-on annoncé. Depuis, des injonctions à faire remonter en quelques jours à peine les capacités d’accueil, les critères, etc sont arrivé.es auprès des responsables de master ! Comme avec Parcoursup, le gouvernement semble préparer un fiasco en voulant mettre en œuvre à marche forcée une réforme qui n’a même pas encore d’existence légale (le CNESER ne s’est pas encore prononcé) !Pour l’instant, pas d’information concernant une éventuelle session pour les recalés de la première. Tout ce qu’on croit avoir compris, c’est que « trouvermonmaster » va réussir à être pire que Parcoursup pour les candidat·es, en les faisant automatiquement démissionner de tous leurs autres vœux à la première acceptation…

Grève en cours autour des contrats emplois étudiants : https://blogs.mediapart.fr/collectif-precaires-vnr-dtr-p8/blog/280921/precaires-de-lesr-en-greve-illimitee-partir-du-5-octobre. La présidence et la direction s’engagent à un vrai dialogue… À suivre !

Motion sur la situation des étudiant·es étranger·es sans titre de séjour. La présidente avait informé en début de conseil que le passage aux outils numériques dans les Préfectures ne permettait plus un dépôt global des dossiers comme antérieurement. Le poing levé propose une motion, légèrement reformulée sur proposition de Résistons ! pour trouver un compromis, qui pose clairement l'objectif politique de la régularisation, tout en ne mettant pas la présidence de l'université en porte-à-faux dans ses négociations. La motion sera votée à l’unanimité.

Droits d'inscription différenciés liés à « Bienvenue en France ». A cette demande de l’UNEF, la présidente indique qu’il n’est plus possible de revenir dessus dans le cadre de la Conférence des présidents d’université (CPU), dès lors que des universités ont déjà mis en place cette mesure. Elle rappelle que le contingent de 10% d'exonération inclut les étudiants nationaux en difficulté sociale, ce qui crée des inégalités entre universités en fonction du profil social des étudiants qu’elles accueillent. Paris 8 continue d’explorer des voies pour maintenir ces exonérations. Notons qu’un rapport parlementaire préconise l'abandon de la mesure.

La médecine préventive sinistrée. À cette question posée par l’UNEF, il est répondu que tous les emplois de médecins sont vacants (médecine préventive à destination des étudiants et médecine du travail à destination des personnels) et que les postes ont été publiés et republiés. Deux candidatures reçues très récemment émanent de médecins diplômés de pays extra-communautaires, aussi l'ordre des médecins départemental a été interrogé pour savoir s’ils pouvaient faire l’affaire et à quelles conditions.

Vos élu·es CA.
Résistons !