Une élection sans surprise

Ce mercredi 14 avril, en visioconférence, le Conseil d'administration (CA) et le Conseil académique (CAc) se sont réunis en session plénière. Devant une centaine de membres élus et nommés, les deux candidat·es à la présidence de l'Université Paris 8, Annick Allaigre et Olivier Archambeau, ont présenté à tour de rôle leur projet pour les quatre années à venir suivi d’une séance de questions/réponses. Il était prévu que cette session dure deux heures. Elle en a duré quatre. C'était (trop) long en effet mais, comme tout jeu politique, instructif sur la forme et sur le fond.

En effet, les élu·es Résistons ! (collège des enseignants-chercheurs) et Votez pour vous, votez CGT (collège BIATOSS) dans les trois conseils centraux se sont relayés pour poser aux deux candidat·es une même série de questions sur leurs programme et engagements.

Ces questions, basées sur la plateforme sur laquelle ils et elles ont été élu·es, avaient trait à :

La lutte contre la précarité :

  • Quelles réorganisations administratives pour permettre la signature des contrats des chargé·es de cours avant qu'ils et elles commencent à travailler, et la mensualisation effective du paiement des vacations ?
  • Quelles mise à jour de la politique indemnitaire du personnel BIATOSS ?
  • Quels moyens pourraient être mise en œuvre dans l'objectif de faire disparaître peu à peu le recours à la sous-traitance, notamment pour ce qui est du nettoyage et du gardiennage ?

La démocratie universitaire :

  • Engagement à passer le nombre de sièges du collège BIATOSS de 4 à 6 au Conseil d'administration, comme la loi le permet ?
  • Engagement à permettre à chaque syndicat étudiant·es d'avoir un accès à des listes de diffusions ?
  • Engagement à une politique de transparence, notamment en ce qui concerne les attributions et montant des primes ?
  • Engagement à rendre publiques, au delà d'un allP8, les positions prises par les instances décisionnaires de notre universités quand aux politiques gouvernementales à l'œuvre dans l'enseignement supérieur et la recherche (ORE, LPR, Bienvenue en France, …) ?

La lutte contre les inégalités :

  • Quels moyens supplémentaires pourraient être mis en œuvre pour favoriser l'égalité femmes-hommes et pour lutter contre, mais aussi prévenir, les violences sexistes et sexuelles ?
  • Quels moyens pour freiner la coupure entre premier cycle (licence) et les suivants (master et doctorat) ?
  • Engagement à maintenir les exonérations de frais d'inscriptions pour les étudiant·es extra-communautaires qui subiraient sinon les hausses de tarifs “Bienvenue en France” ? 

D'autres questions, par exemple sur la manière de résister aux mesures issues de la LPR et plus largement sur la stratégie à mener au sein de la Conférence des présidents d'université (CPU) pour faire face au rouleau compresseur des réformes passées et à venir ont également été posées aux deux candidat·es.

À ces questions, les deux candidat·es se sont principalement contenter de botter en touche, sans différences significatives dans leurs réponses, répondant parfois l'un et l'autre qu'à titre personnel ils étaient d'accord avec nos demandes, mais que les marges de manœuvre laissées par la règlementation ou le ministère étaient faibles ou inexistantes. Bref, peu pour ne pas dire aucun engagement ferme n'a été pris et les rares pistes évoquées bien souvent décevantes. Il faut bien dire que de toutes façons, l'élection était jouée d'avance, vu les pratiques fort peu démocratiques de la “majorité” lors du tour précédent…

À l'issue de cette séance, un vote indicatif des élus des deux conseils a été réalisé, puis le Conseil d'administration a été réuni afin d'élire la présidence de l'université puis sa vice-présidence.

À ces différents votes, nous avons donc collectivement décidé de nous abstenir : nous sommes élu·es pour défendre les droits de nos collègues (enseignant·es et BIATOSS) et faire entendre leurs demandes comme celles des étudiants qui nous paraissent fondées. Nous tenterons de faire avancer les dossiers pour lesquels nous avons été élu·es et ceux que vous nous demanderez de porter. Nous sortons de quatre années où l'opposition à l'équipe présidentielle réélue a été trop souvent bâillonnée chez les BIATOSS et inexistante chez les enseignantes-chercheur·es au-delà de querelles intestines. Aussi, prenant acte de cette réalité, il nous semble important, pour la démocratie universitaire, de pouvoir faire entendre au cours des quatre prochaines années une voix singulière, forte, et indépendante.

Annick Allaigre a été réélue présidente avec 20 voix sur 34, contre 5 voix pour Olivier Archambeau et 8 abstentions.

Arnaud Laimé a été réélu vice-président du CA avec 20 voix sur 34 contre 4 voix pour Raphaële Miljkovitch, et 8 abstentions.

Ne nous laissons pas abuser par ces écarts de voix. Comme nous l'avons déjà souligné, l'équipe en place n'a gagné ces élections que d'une courte majorité relative avec l'appui du syndicat UNSA chez les BIATOSS et du syndicat étudiant UNEF-UEAF. Ces 20 voix totalisent les 9 élu·es effectifs de la liste “Choisir Paris 8” et de leurs soutiens, les 4 sièges de prime de majorité automatiquement attribués à la liste arrivée en tête, les voix de 2 des 3 personnalités extérieures nommées (la représentante de la Région n'ayant pas pris part au vote) et les 5 voix des personnalités extérieures élues lors de la séance du 15 mars dans les circonstances que l'on a déjà racontées.

Vos élu·es CA, CR, et CFVU.
Résistons !