Nouveau mandat, même rengaine

Ce lundi 15 mars s'est tenue la première réunion du CA depuis le renouvellement des conseils centraux de notre université en février. D'emblée, le ton est donné : la “majorité”, qui ne représente en réalité qu'une minorité de notre communauté universitaire, s'est arrangée pour désigner seule la totalité des personnalités extérieures. Alors même que sa reconduction était déjà assurée, l'équipe présidentielle sortante a ressenti le besoin d'écraser ses oppositions. En réaction, ces dernières se sont unanimement exprimées en faveur des candidat·es proposé·es par Résistons, qui ont systématiquement recueilli 13 voix, contre 14 pour celles et ceux de la “majorité” qui a eu besoin de recourir au vote d'une personnalité extérieure nommée pour faire fonctionner son rouleau-compresseur…

1. Prolégomènes à destination de ceux qui n'ont lu ni le code de l'éducation, ni la LRU, ni les statuts de Paris 8 et qui souhaitent un rattrapage ; les autres peuvent faire l'impasse et se rendre directement au point 2

Cette réunion, dite d'installation, rassemble l'ensemble des membres élus au CA et les trois personnalités extérieures désignées par le CNRS, la région et la ville de Saint-Denis.
Elle ne comporte qu'un seul point à l'ordre du jour : l'élection de 5 autres personnalités extérieures, suite à un appel public à candidatures, relevant des catégories suivantes :

  • une personne assumant des fonctions de direction générale au sein d'une entreprise ;
  • un·e représentant·e des organisations représentatives des salariés ;
  • un·e représentant·e d'une entreprise employant moins de 500 salariés ;
  • un·e représentant·e d'un établissement d'enseignement secondaire ;
  • une personnalité désignée à titre personnel.

La règle de parité tient compte, non seulement des cinq personnalités à élire mais aussi des trois personnalités désignées. Nous découvrons celles-ci seulement en début de réunion en dépit d'une demande préalable restée lettre morte : ce sont deux femmes et un homme. Nous devrons donc élire 2 femmes et 3 hommes.

2. Le CA n'est pas installé et déjà une collection de loupés !

Premier loupé : le 2 mars dernier, l'administration informe les membres du CA du report de la première réunion le jour même où celle-ci doit se tenir… L'administration s'excuse.
La raison en est un recours auprès de la commission de contrôle des opérations électorales au sein du collège des usagers. Certes, on aurait juste aimé être prévenu un peu à l'avance, histoire de s'organiser.

Deuxième loupé : la convocation pour la réunion du 15 mars est envoyée dans le corps du mail et les élu·es étudiant·es salarié·es ne peuvent justifier de celle-ci auprès de leur employeur et doivent donc récupérer leurs heures. L'administration s'excuse.

Troisième loupé : la réunion est exclusivement en visio et la procédure de vote passe par un prestataire extérieur dont on nous assure qu'il “offre toutes les garanties”… Peut-être, mais qu'est-ce que c'est laborieux ! On sort épuisés au terme de 3h30 de réunion où le plus souvent nous patientons en silence… Là où 1h30 aurait pu ou dû suffire. L'administration, également épuisée, s'excuse et nous remercie de notre patience. Il est vrai que nous avons été patient·es.

Quatrième loupé : Les membres du CA n'ont pas reçu les CV des candidat·es. Nous demandons pourquoi ? L'administration essaie d'atténuer sa négligence en arguant de la protection des données personnelles, mais doit se rendre à l'évidence suite à nos protestations : l'argument ne tient pas. Les CV sont finalement présentés via le partage d'écran, ce qui alourdit considérablement la réunion, puis sont tardivement envoyés par mail alors que l'élection est déjà bien engagée.

3. Et si on partait sur de nouvelles bases ? Plus collégiales, par exemple ?

Telle était la proposition de l'Intersyndicale (collège des enseignant·es-chercheur·es) et de la CGT (collège BIATOSS). Dans une déclaration liminaire, en tout début de séance, nous demandons que la désignation des personnalités extérieures soit établie collégialement dans le sens d'une représentation de notre communauté universitaire conforme au résultat des élections, autrement dit que les cinq personnalités extérieures soient choisies collectivement au prorata des voix obtenues dans les Conseils par les listes proposant leur candidature.

Disons d'emblée que pour la liste arrivée en tête, il n'y a pas de vrais enjeux ni surtout le risque de perdre l'élection à la présidence. Elle a déjà bénéficié d'une prime de majorité de 4 élu·es supplémentaires. Alors ? D'abord, on nous dit ne pas comprendre notre demande… On nous prie de répéter… Notre proposition reçoit le soutien de plusieurs autres listes chez les étudiant·es (Solidarité Étudiante et Le Poing Levé) et les BIATOSS (La Dionysoise). Elle ne sera pas pour autant mise au vote : les oppositions doivent rester circonscrites et réduites à la portion la plus congrue qui soit. Dommage, la collégialité n'était pas de mise au cours du dernier mandat, elle ne le sera pas non plus pour celui-ci.

4. Le rejet d'une désignation collégiale des personnalités extérieures soude les oppositions autour des candidats présentés par l'Intersyndicale

Sur cinq personnalités extérieures à désigner, Choisir Paris 8 présentait 5 candidatures (une sixième avait été invalidée en amont pour incompatibilité), la liste Intersyndicale en présentait 4 et RPPL en présentait 3 dont 2 ont été invalidées. Le vote se déroule catégorie par catégorie (Cf. supra Prolégomènes) et nous faisons le choix de défendre avec panache les candidatures que nous présentons : franchement, nous n'avions pas à en rougir tant elles faisaient écho aux valeurs de notre université ! Elles réuniront 13 voix contre 14 pour les candidats présentés par la liste Choisir Paris 8 (neuf élu·es Choisir Paris 8, deux élu·es UNSA, deux élu·es UNEF et la représentante de la ville de Saint-Denis qui, contrairement aux représentant·es de la région et du CNRS, ne s'est pas abstenue).

Cela signifie que l'ensemble de l'opposition s'est systématiquement ralliée aux candidat·es proposé·es par notre intersyndicale. Dans la catégorie 4 il n'y avait qu'une seule candidate proposée par Choisir Paris 8. Dans la catégorie 5, l'obligation de parité a, de fait, exclu du scrutin la candidature que nous soutenions, le seul candidat homme de cette catégorie étant considéré éligible. Malgré cela, ces candidatures n'ont réuni que les 14 voix de la majorité, pas une de plus, toutes les voix de l'opposition s'étant portées sur le vote blanc.

Le comportement clivant de la majorité a en effet réussi à fédérer contre elle l'intégralité de ses oppositions. On notera que malgré une prime de majorité de 4 sièges au CA, seul le vote d'un membre extérieur nommé a permis à la liste Choisir Paris 8 de faire élire ses cinq personnalités extérieures, dont une permanente de l'UNSA et l'ancien président du MEDEF 93 Ouest. Ce passage en force ne laisse plus de suspens, ni sur le résultat de l'élection de la prochaine présidence de notre université, ni sur son mépris de la collégialité et de la représentativité de notre communauté universitaire des les conseils centraux. En effet, les oppositions réunies, comme elles l'étaient lors de ces votes, représentent une large majorité de notre communauté.

5. Retour sur une question de procédure…

Les exigences de parité pour la désignation des personnalités extérieures, telles qu'elles sont définies dans le code de l'éducation et les statuts de l'université, mais aussi la manière dont le scrutin a été conduit, ont abouti à ce que toutes les candidatures recevables ne soient pas in fine soumises au vote. C'est ainsi que  la candidature d'Henriette Zoughebi, ancienne conseillère régionale, fondatrice et ex directrice du salon du livre pour la jeunesse de Montreuil, féministe engagée et reconnue, sans doute l'une des candidatures de personnalité extérieure parmi les plus intéressantes pour notre université, n'a pas été admise à concourir au nom de… la parité ! Quelle ironie ! Au-delà, il est permis de s'interroger sur une procédure qui exclut du vote une candidature administrativement recevable ? Le vote aurait été réalisé dans l'ordre inverse, c'est la candidate de la catégorie 1 qui aurait été exclue…

6. Et le prochain numéro ?

Le mercredi 14 avril se déroulera le CA qui procédera au vote du/de la président·e. Selon les statuts, les candidat·es doivent faire acte de candidature au plus tard huit jours avant. Ce sera aussi l'occasion d'élire le/la vice-président·e du CA. Parallèlement, ce même jour la Commission recherche (CR) et la Commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU) éliront chacune une personnalité extérieure ainsi que leur vice-président·e. Avant ces élections, et conformément aux statuts, les trois conseils sont convoqués afin que chaque candidat·e présente son programme.

Vos élu·es CA.
Résistons !