CA du 20 octobre 2023 : La vie (universitaire) en morose

Campagnes d’emplois 2024 : aïe, ça va faire mal !

La campagne d’emplois 2024 s’inscrit dans le contexte suivant : un compte financier 2022 déficitaire (moins 3,2 millions d’euros), un budget initial 2023 déficitaire (moins 4,25 millions), un premier budget rectificatif 2023 qui ramène le déficit à 3,4 millions d’euros, mais un second budget rectificatif 2023, soumis au prochain CA, qui va à nouveau le creuser et une prévision de budget initial 2024 déficitaire à hauteur de 6,4 millions… Ça donne le tournis !

Le VP CA indique que l’université entend faire la part des choses entre les dépenses qui relèvent de ses choix et de sa gestion et le déficit qui relève des mesures gouvernementales. Pour mémoire, en 2023, ces dernières concernent l’augmentation du point d’indice de la fonction publique au 1er juillet, la prime de pouvoir d’achat, l’augmentation du remboursement transport et l’inflation sur le coût des fluides ; en 2024, elles englobent l’extension en année pleine des mesures 2023 et l’ajout de cinq points d’indice sur toutes les grilles de la fonction publique. Ces mesures pèsent pour plus de 4 millions d’euros dans le budget de l’université et le gouvernement refuse de les compenser, demandant aux universités de puiser dans leur fond de roulement. A Paris 8, ce dernier n’est plus que de 2,8 millions, soit un montant désormais inférieur au déficit ! La présidente déplore la situation et demande à la représentante du rectorat de relayer la demande de l’université d’une compensation rapide des mesures étatiques.

Concernant la partie du déficit qui lui incombe, l’équipe présidentielle envisage deux millions d’euros d’économie : un million sur les budgets de fonctionnement des services centraux diminués de 5% en moyenne, 0,5 million sur le budget de fonctionnement des composantes et 0,5 million sur les campagnes d’emplois enseignant·es-chercheur·es et BIATOSS. Concrètement, s’agissant de la campagne d’emplois des enseignant·es-chercheur·es, il faut s’attendre à une campagne à hauteur de la moitié de celle de l’année dernière. C’est le CAc qui conserve la prérogative des critères et départagera les postes prioritaires de ceux qui le sont moins. Vos élus votent bien évidemment contre, tant le fait de faire des économies sur les personnels se répercute à la fois sur ceux qui sont en poste comme sur les étudiant·es. 

Campagne HCERES : on nous somme de nous soumettre !

L’évaluation de la vague E, dont Paris 8 fait partie, porte sur la période du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2024 : le comité de visite se déplacera donc début 2025, mais l’autoévaluation doit être réalisée pour mars prochain en vue d’un passage devant les instances en avril 2024, ce à quoi vos élu·es font remarquer qu’il y a des trous dans la raquette de l’HCERES puisque la précédente campagne d’évaluation portait sur la période 2014-2018. Quid des années 2019 et, au moins pour l’autoévaluation, de 2024 ?

L’élément nouveau, nous annonce-t-on, est l’importance accrue des indicateurs de développement durable et de responsabilité sociétale. La réunion de lancement, fin septembre, de l’évaluation de la vague E a donné lieu aux « recommandations » suivantes : pas de récit, une partie bilan factuelle, mobilisation d’éléments de preuves. L’autoévaluation, elle-même, doit être objectivée. Et la présidente renchérit : « Bâtir nos propres outils d'autoévaluation risquerait de nous porter tort ». Pas de récit, donc pas de fond, mais des chiffres ; l’idéologie à laquelle répond cette évaluation a le mérite d’être claire. Pourquoi donc se soumettre à de telles injonctions, madame la présidente ? Dans ce jeu truqué, faisons donc preuve collectivement de courage et de panache !

Le ciel est tombé sur la tête d’étudiant·es et de collègues : le point sur les travaux en cours.

Des trombes d’eau se sont abattu à plusieurs reprises fin septembre, durant des cours, sur des ordinateurs, des prises électriques, des étudiant·es et des collègues dans le bâtiment C. Cela ayant donné lieu à plusieurs signalements sur le registre santé et sécurité au travail et à une alerte pour danger grave et imminent, Résistons ! interpelle l’équipe présidentielle sur les choix opérés, l’état d'avancement et le calendrier des travaux des bâtiments A et C. Vos élu·es font part d'interrogations de collègues concernant les travaux en général, leur programmation, la concomitance de travaux au sein du bâtiment A et du bâtiment C. Concernant plus spécifiquement ce dernier, les dysfonctionnements identifiés et les risques pris interrogent sur le choix de réaliser les travaux de rénovation énergétique en site occupé. 

Ronan Le Baut, directeur général adjoint en charge de l’immobilier, de la logistique et de la sécurité a été sollicité pour répondre aux questions posées par vos élu·es. Il rappelle que le rythme des opérations programmées est différent : pluriannuel pour les travaux du bâtiment A (durée estimée de 15 ans) et annuel pour ceux du bâtiment C. Dans ce dernier cas, Paris 8 a répondu à un appel à projet de rénovation énergétique financé par l’Etat dans le cadre du plan France Relance, ce qui a impliqué un calendrier dont l’université n’a pas la maitrise et une série de contraintes. Dans les délais imposés par l’appel à projet, il était impossible de construire du provisoire avant de lancer la réhabilitation. Des locations de salles hors les murs n'étaient pas, non plus, finançables sur cet appel à projet, d’où des travaux en site occupé. La situation a été aggravée par des retards qui ont déstabilisé la rentrée et ont conduit à un décalage des travaux en soirée et durant le week-end. Des pénalités de retards sont appliquées mais elles sont plafonnées. En théorie, elles pourraient servir à financer des relogements, mais c’est difficile, nous dit-on, à mettre en œuvre en raison des décalages temporels. Concernant le bâtiment A, le retard pris est d’environ deux semaines en raison d’un manque de camions.

Comme nous ne lâchons pas la question, on nous promet que les travaux feront l’objet d’un point à part entière lors d’un prochain CA, en janvier probablement. À suivre, …

Vite dit, bien dit !

Vote d’une motion de solidarité envers les populations civiles palestiniennes et israéliennes. Chaque mot est discuté, pesé, reformulé. Votée à l’unanimité moins une abstention de la représentante du Poing Levé, la motion a été diffusée sur AllP8 le 20 octobre.

Politique internationale : rester fidèle à nos valeurs. Sophie Wauquier, vice-présidente aux relations internationales a fait un point sur la politique internationale de Paris 8 : 26% d'étudiant·es étranger·es ; 137 nationalités ;  47% des doctorant·es issu·es de l'étranger... Si les mobilités étudiantes sortantes ont augmenté, l’enjeu est désormais d'offrir des cursus en d'autres langues que le français afin d’attirer des mobilités entrantes. Au-delà de l’Europe avec ERUA, la politique internationale de Paris 8 est tournée vers les pays du Sud en lien avec ses valeurs et sa conception de l’accueil, de l’inclusion et de la solidarité : diplômes délocalisés en Haïti et au Cambodge, validation européenne du diplôme d’université Passerelle, création du dispositif PALSSE à destination de migrantes afghanes, essaimage de la clinique juridique dans plusieurs pays du Proche Orient et d’Afrique subsaharienne.

Résistons ! demande des comptes sur le fonctionnement de la commission de dérogation. De tous côtés transpire une impression de désorganisation. Les étudiant·es ont des réponses tardives ou, pire, n’ont toujours pas de réponse au 20 octobre, ce qui obère leur possibilité de suivre les cours, ce que Le poing levé fait également remarquer. Le VP CA nous rappelle que cette commission est un dispositif hors norme propre à Paris 8 et que plusieurs centaines de dossiers sont déposés chaque année. Sa composition est indiquée dans une circulaire envoyée aux responsables de formation. Les personnels dédiés relèvent de la direction de la vie de campus. Le dépôt des dossiers a lieu entre fin août et mi-septembre, cette année comme les précédentes. Depuis le 19 septembre, la commission s’est réunie cinq fois sous l’égide de la VP CFVU. Les demandes sont disparates et le traitement adapté : ainsi les dossiers des étudiant·es étranger·es primo-arrivant·es passent d'abord en commission de dérogation avant de passer devant les formations tandis que les dossiers d’étudiant·es qui viennent d'une autre université sont d'abord examinés par les formations avant de l’être par la commission de dérogation. Entre le CA plénier et le CA restreint, des étudiant·es débouté·es ou sans réponse, accompagné·es par Le Poing Levé viennent exposer leur situation et leurs difficultés.

Dysfonctionnements du côté des inscriptions administratives. Etudiant·es inscrits dans des formations non demandées, d’autres en panique devant des bureaux fermés, d’autres encore mobilisant en vain la plateforme dédiée aux difficultés rencontrées… Bref, beaucoup d’inscriptions administratives retardées avec leurs effets en cascades sur les inscriptions pédagogiques... Résistons ! demande, là encore, des comptes. On nous répond que la dématérialisation se poursuit et que « comme tout nouveau dispositif, il y a des marges d'amélioration ». Une des difficultés tiendrait au taux important de turn over parmi les vacataires recrutés en renfort du service des inscriptions au moment de la rentrée.

Plateforme Monmaster.gouv.fr : on en remet une couche ! Nous avions déjà abordé la question au CA de septembre : isolement des collègues responsables de master qui ont dû bricoler avec les moyens du bord au cœur de l'été tant pour relancer une phase complémentaire que pour colmater les nombreux dysfonctionnements (masters MEEF, master articulant formation classique et en alternance, etc). En 2024, ce sera la vie en rose : la phase complémentaire sera prise en charge au niveau national et on soignera notre com : meilleur affichage de l'offre de formation, de l'alternance, des MEEF, etc... On peine à être convaincu ! Un document récapitulant les nombreux problèmes rencontrés a été fourni au CSA et à l’administration par nos représentants.

La médecine du travail toujours sinistrée. Cela fait désormais plus de deux ans que Paris 8 n’a plus de médecin du travail, à l’instar de sept autres établissements franciliens de l’ESR, ce qui n’est pas rassurant. Au concours de l’internat, les besoins en médecine du travail ne sont couverts qu’à 70%. Après plusieurs recrutements infructueux, des démarches ont été engagées auprès de l’ordre des médecins, des conventions avec d’autres universités et des hôpitaux ont été explorées, des contacts avec des médecins retraités, militaires, hors Union européenne, avec la MGEN ont été pris sans succès… Actuellement, une discussion est en cours pour de la téléconsultation et les ressources humaines s’appuient sur les avis des médecins traitants pour la prévention de risques individuels et pour les aménagements de poste. La Formation spécialisée en santé et sécurité au travail (FS-SST) du 10 octobre 2023 a voté à l’unanimité un avis sur ce sujet consultable ici.

20 CRCT en 2023-2024. Ce chiffre cumule la dotation ministérielle et celle de l’établissement. Résistons ! fait remarquer que favoriser les CRCT pèse sur la campagne d’emploi.

Une nouvelle directrice générale des services (DGS) : elle s’appelle Nathalie Vincent et a fait l’essentiel de sa carrière dans l'enseignement supérieur et la recherche. Son dernier poste : DGS à Montpellier-3. Pour en savoir davantage, lisez son interview dans le numéro 53 d’Intra-8… ou consultez les camarades syndicalistes de l'Université Montpellier-3.

Vos élu·es CA,
Résistons !